Pour l’Europe, Emmanuel Macron propose les ingrédients de l’échec économique français L’Europe n’a pas besoin de plus de dirigisme mais de plus de libertés

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On a retrouvé l’énarque Emmanuel Macron. Son pompeux discours sur l’Europe ressemble parfaitement à un exposé oral lors d’un examen à l’Ecole nationale d’administration. On trouve tous les ingrédients : interventionnisme, protectionnisme, dirigisme, harmonisation et taxation.

Nicolas Sarkozy s’était lancé dans les grandes manœuvres européennes et, faisant fi du référendum, nous avait concocté une constitution qui était essentielle à la survie de l’UE… Elle l’était tellement qu’il fallut que François Hollande fraîchement élu propose lui aussi sa grande vision de l’Union qui devait être redynamisée à coup « d’eurobonds ». Il s’était heureusement heurté à la rigoureuse vision allemande concernant les budgets, la seule qui sied dans ces affaires-là. Et lors de la campagne récente, pas l’un de nos candidats n’affirmait qu’il irait négocier à Bruxelles afin de changer l’Union selon ses propres vues, pour sauver la France. Voilà le leitmotiv des politiques français, qui semble être l’exutoire de leur propre incapacité à sortir la France de l’ornière dans laquelle elle s’embourbe. Démagogie et mégalomanie rassemblées. Car la relancer vers où ? Vers quoi ? L’Union Européenne n’est pas malade du manque de moyens, son handicap est de vouloir faire plus qu’elle ne doit.

Macron souhaite « refonder » l’Europe mais dans une perspective… française. Bien sûr, il veut plus de « convergences » avec l’Allemagne car il sait très bien que sans ce pays, rien ne peut être fait au niveau européen. Mais difficile de croire que l’Allemagne appliquera « les mêmes règles à ses entreprises » après toutes les réformes que ce pays a mis en place dans les années 2000. Le président français souhaite aussi un budget européen et un ministre des Finances. Quand on connaît les débats houleux au sein de la Commission concernant les budgets et le non-respect des critères budgétaires, il est difficile de s’imaginer 27 pays réunis autour d’un seul ministre des Finances. Il faut avoir beaucoup de culot pour faire cette proposition alors que son propre pays n’a pas connu un budget à l’équilibre depuis… 1974.

L’harmonisation pour plus de taxes

Ce « grand ministère » imposerait une « taxe sur les transactions financières » (décidément, tous les politiques français sont obsédés par cette taxe), une autre taxe carbone aux frontières de l’Europe (pas facile d’imaginer comment le carbone pourra être stoppé aux frontières…) et, comme attendu, une harmonisation (dans le vocabulaire français, par « harmonisation » il faut comprendre « hausse ») de la fiscalité et surtout de l’impôt sur les sociétés. Ca n’est surement pas pour avoir un taux à 12.5 % comme en Irlande ! Par ailleurs, il souhaite aussi une « harmonisation sociale » à la française avec les mêmes droits sociaux et un SMIC européen. Mais ce sont bien les assaisonnements de l’échec économique français qui sont proposés par Emmanuel Macron !

L’IREF a bien montré dans une Etude sur l’harmonisation fiscale que tous les pays seraient perdants et que cela pourrait désinciter les entreprises à investir. L’harmonisation réduirait les flux de capitaux de l’étranger en direction des pays européens. Enfin, sachant que l’impôt des sociétés n’est jamais, in fine, payé par l’entreprise, il faut observer notamment que l’IS pèse le plus souvent sur les salaires, qui supportent de 45 % à 75 % des augmentations de cet impôt.

Mieux vaut conserver la concurrence fiscale entre pays européens. Elle incite à la baisse des impôts, ce qui est favorable aux sociétés et donc finalement aux pays eux-mêmes. Les pays qui ont pratiqué des baisses d’impôt sur les bénéfices des sociétés ont plutôt obtenu une hausse du produit de l’impôt.
De même, c’est bien de proposer une réforme de la PAC mais pas en se « protégeant des grands marchés mondiaux » ; plutôt, au contraire, en stimulant la concurrence, en baissant les aides, les réglementations et la bureaucratie.

Il faudrait d’abord réformer la France ; ensuite… donner plus de libertés aux peuples européens

Finalement, derrière ce discours mettant en avant la grandeur de l’idée européenne ne se cachent que des mesures visant à éliminer les avantages que d’autres pays ont légitimement acquis. Les taxes internet ? C’est l’Irlande qui est visée. Le prétendu dumping social ? On tire sur les pays de l’Est. Le budget européen ? L’Allemagne doit payer pour notre incurie.

Arrêtons de plaquer nos fantasmes sur l’UE. Ce que l’on ne peut pas faire en France -un Etat omnipotent et protecteur- on ne le fera pas plus via l’UE. Considérons-la comme elle est : une alliance économique autour d’un fond culturel commun, une harmonie de peuples. Et nous pourrons cesser de dire que cette Union est moribonde ou en panne parce qu’elle ne devient pas le Léviathan que certains appellent de leurs vœux. Au contraire, laissons-lui le dynamisme d’une alliance économique intelligente : c’est ainsi qu’elle contribuera à notre bien-être, sûrement pas en se conformant aux rêves fous de nos politiques en mal de pouvoir.

Emmanuel Macron ne semble pas avoir compris les significations du Brexit et des résultats électoraux en Allemagne. Les peuples européens ont peur de l’immigration et considèrent qu’il faut protéger leurs nations. L’essor des partis extrémistes le montre ainsi que les sondages réalisés dans les pays de l’est de l’Europe, où il n’y a guère d’immigrés. Cette peur – justifiée ou pas – encourage le repli sur soi et la méfiance à l’égard de l’Europe considérée comme une passoire. Ce qu’il faudrait en réalité c’est moins d’Europe bureaucratique et plus de libertés données aux Etats. Il faut quelques règles communes mais dans le contexte d’une concurrence saine. Les pays membres ne veulent pas d’une Europe à la française (il faut déjà faire des réformes en France). Sinon, le Brexit fera sûrement encore plus d’émules…

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